Symposium « Anthropologie clinique et thérapie contextuelle : même combat !  » au Congrés EFTA-RELATES 2025

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Titre du symposium : Anthropologie clinique et thérapie contextuelle : même combat ! Pour une approche intégrative des thérapies familiales systémiques.

Date : du 27 au 30 août (à préciser ultérieurement)

Lieu : Congrés EFTA-RELATES 2025, Lyon.

Intervenant·e·s : Catherine Ducommun-Nagy et Serge Escots 

Discutant : Jacques Pluymaekers

Argument introductif du symposium : Les thérapies familiales systémiques se sont fait connaître au travers de différents modèles cliniques portés par ses fondateurs tels que le Mental Research Institute de Palo Alto, Jay Haley, Salvador Minuchin, Carl Whitaker ou Ivan Boszormenyi-Nagy, pour n’en citer que quelques-uns. L’introduction en Europe de la thérapie familiale a été l’occasion de constructions cliniques qui s’inspiraient de plusieurs de ces modèles pionniers (Stierlin, Selvini Palazzoli, Caillé, Ausloos, Elkaïm, par exemple). Nicolas Duruz, propose de caractériser le rapport que les cliniciens entretiennent avec leurs modèles cliniques selon trois modalités : le dogmatisme, l’éclectisme et l’approche intégrative. Le dogmatisme est une disposition d’esprit pour une personne à ne considérer que son modèle comme valable avec ou pas une propension au prosélytisme ou au dénigrement des autres. Si en philosophie l’éclectisme vise à fondre en un nouveau système cohérent les éléments empruntés à différents systèmes pour retenir ce qui paraît le plus vraisemblable et le plus positif dans chacun, ce n’est pas le cas dans la pratique clinique. Pour le clinicien, le risque de l’éclectisme se manifeste trop souvent par l’emprunt de concepts et de techniques dans différents modèles sans prendre la peine des vérifications épistémologiques nécessaires pour s’assurer de la cohérence de leur cohabitation dans la pratique clinique. L’approche intégrative, elle, consiste à introduire un élément dans un ensemble afin que, s’y incorporant, il forme un tout cohérent, permettant ainsi de dépasser l’éclectisme et ses risques. En thérapie familiale, deux modèles : l’anthropologie clinique et la thérapie contextuelle, offrent des perspectives aux cliniciens pour penser et construire des modèles intégratifs en thérapie familiale systémique. Un dialogue entre ces deux modèles va permettre de mieux saisir les enjeux épistémologiques et cliniques que les thérapeutes familiaux vont rencontrer à l’avenir.

Titre de l’intervention de Catherine Ducommun-Nagy : La double nature intégrative de la thérapie contextuelle : sa vision multidimensionnelle de la dynamique relationnelle et son mandat thérapeutique universel.

Argument de Catherine Ducommun-Nagy : Le but de cette présentation est de montrer que la thérapie contextuelle est une approche intégrative qui peut servir de base à une réflexion pour le futur des thérapies familiales systémiques. Désormais, elles doivent faire face au challenge d’intégrer les contributions des neurosciences et à celui d’intégrer aussi les effets des changements sociaux sur les relations, en particulier quand ces changements sont la source d’injustices systémiques. En effet, la thérapie contextuelle est un modèle de thérapie multidimensionnelle qui prend en compte les déterminants individuels de nos comportements liés à notre équipement biologique et notre fonctionnement psychique et bien sûr les déterminants systémiques découverts par les pionniers de la thérapie familiale dont Ivan Boszormenyi-Nagy, le fondateur de la thérapie contextuelle, a fait partie. De plus, ce modèle porte une attention toute particulière à un aspect fondamental de notre nature humaine, soit une attente partagée de justice, de réciprocité et de loyauté dans nos relations. Cette attente est à la base de ce qu’il va décrire comme éthique relationnelle qui est au centre de l’intervention des thérapeutes contextuels. Il propose aussi que parmi les mandats thérapeutiques qui résultent de l’ éthique relationnelle, le plus important soit celui de prendre en compte les intérêts des générations futures. Ce mandat devrait servir de principe directeur universel s’appliquant à toute approche thérapeutique qu’elle soit individuelle ou familiale.
C’est en dialogue avec le coprésentateur du programme et avec les participants qu’il sera possible d’entrevoir comment les principes de la thérapie contextuelle peuvent contribuer aux développements futurs de la thérapie familiale.

Titre de l’intervention de Serge Escots : L’anthropologie clinique une carte épistémologique pour un dialogue entre les différents modèles cliniques.

Argument de Serge Escots : La carte n’est pas le territoire comme on a coutume de dire. Le philosophe martiniquais Édouard Glissant a proposé de penser un rapport entre les cultures qui soit non hiérarchique et respectueux de la valeur des cultures où le commerce entre les uns et les autres enrichit chacun sans diminuer aucun. Nous avions proposé d’utiliser cette métaphore pour rendre compte de la position de l’anthropologie clinique quant à l’institution de rapports entre les différents modèles cliniques, ni dogmatiques ni éclectiques, mais archipéliques. Imaginons l’océan du réel clinique avec ses continents, ses îles comme autant de modèles cliniques. Chaque territoire entretient avec les autres des rapports en lien avec sa puissance, son histoire, ses particularités. Un clinicien peut adopter l’arrogance dogmatique de celui qui se croit puissant ou se trouver dans la fragilité de l’exil. Il peut aussi être le voyageur éclectique qui rapporte de l’étranger la recette qu’il essaiera de refaire chez lui. L’archipélisation, chez Glissant va de pair avec la créolisation pensée comme des inventions qui naissent du dialogue entre des identités multiples. L’anthropologie clinique est une carte qui propose une représentation de l’océan et des territoires qui donne envie et permet de rencontrer et de faire commerce avec les autres modèles cliniques. Car contrairement aux mappemondes qui sont toujours autocentrées, celle-ci est organisée à partir de l’articulation entre un humain habitant et habité par un monde de sens et un sujet souffrant de sa condition humaine. À partir d’une présentation de l’anthropologie clinique, nous montrerons et discuterons de la pertinence de cette démarche épistémologique à la fois pour réaliser des architectures thérapeutiques intégratives pour les soins psychiatriques, également pour accompagner les interventions en contextes éducatifs ou en travail social. Enfin, pour penser et développer la thérapie familiale en faisant dialoguer ses multiples modèles.

Infos pratiques

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